Kamel Abdat : Entre résistance artistique et exil choisi
Kamel Abdat, comédien, humoriste et chroniqueur télé, est un artiste polyvalent dont la carrière a brillant sur diverses scènes, de la radio au théâtre en passant par la télévision. Cependant, en 2021, il a pris une décision difficile : quitter l’Algérie pour la France. Cette migration artistique n’a pas été motivée par l’âge, mais plutôt par les contextes politiques, sociaux et artistiques qui rendaient sa pratique de plus en plus difficile dans son pays d’origine.
L’un des principaux obstacles qu’Abdat identifie est la censure. Il affirme que les artistes en Algérie font face à deux types de censure : celle imposée par le pouvoir politique, qui protège les sujets tabous, et celle issue de la société elle-même, souvent motivée par des considérations religieuses. Cette double pression a conduit Abdat à s’autocensurer, limitant ainsi sa créativité et sa capacité à aborder des sujets sensibles.
Pour Abdat, il est essentiel que les artistes brisent les interdits et critiquent les archaïsmes de la société, même si cela peut choquer. Selon lui, l’art a un rôle social crucial : celui de faire réfléchir et d’inciter au changement sociétal en mettant en lumière les réalités souvent occultées.
En France, où il s’est installé en 2021, Abdat a trouvé un environnement plus propice à son épanouissement artistique. Étude en création littéraire à l’Université de Limoges. Il travail sur un roman. De plus, il est en train de réaliser un documentaire sur la poésie kabyle ancienne, intitulé « La poésie de ma grand-mère ». Abdat participe également à divers projets cinématographiques et a déjà connu du succès avec son one-man-show dans des salles parisiennes prestigieuses.
Abdat évoque également les défis financiers auxquels sont confrontés les artistes en Algérie. Le secteur culturel est fortement contrôlé par l’État, ce qui limite les opportunités de financement privé. Abdat plaide pour une réforme de la politique culturelle, notamment par la privatisation de certaines salles de spectacles et de cinéma, et la création d’un cadre légal plus favorable à l’industrie audiovisuelle.
En fin de compte, le parcours de Kamel Abdat reflète la lutte des artistes en Algérie, confrontés à des défis multiples, de la censure à la précarité socio-professionnelle. Son exil choisi en France représente une nouvelle étape dans sa carrière, lui offrant l’espace et la liberté nécessaires pour créer et innover selon ses aspirations.
Références principales : Interview originale réalisée par El Watan, jui 2022.